Le secret de Hassan

secret Vous allez découvrir comment changer radicalement d’attitude avec votre enfant et comment créer une relation véritablement saine avec lui, grâce à une simple prise de conscience totalement étonnante. Ce secret m’a été révélé par un vieil artisan dans un village reculé du Maroc, connu de ses proches pour sa parole sage et son grand cœur.

Quand je ne me reconnais plus

C’est quand l’enfant grandit que nos illusions en prennent un coup. Vous imaginiez devenir un père exemplaire, serein et juste, ou une mère calme et chaleureuse, mais la vie vous ramène vite à la réalité : la croissance de l’enfant n’est pas un chemin facile et tranquille, mais une avenue bosselée, où se côtoient les meilleurs moments de la vie, avec hurlements, marchandage, agressivité et j’en passe. C’est étonnant de se voir devenir comme on n’aimerait surtout pas être, avec des réactions complètement disproportionnées, peut-être même totalement inadaptées et surtout, pas du tout constructives, à l’opposé même de celles qu’on souhaiterait véritablement. C’est même absurde, mais c’est plus fort que vous. C’est automatique, que vous le vouliez ou non. Il se peut que votre conjoint vous en fasse la remarque et ça vire alors parfois à l’engueulade, car il est difficile d’admettre, même si au fond de nous, on le sait. Je ne sais pas pourquoi, mais nous cherchons absolument à montrer que nous sommes des êtres cohérents, qui agissent en toute logique. Rien n’est plus faux ! Et nous sommes prêts à nous mentir plutôt qu’à laisser transparaître certains de nos comportements absurdes. La vérité, c’est que quelque chose en vous, vous pousse à agir de la sorte. Et plus vous essayez de contrôler ça, plus ça prend de l’ampleur. Paradoxalement, si vous ne faites rien, ça continue. Alors, comment en sortir ?

Ma rencontre avec Hassan

Nous logions dans une Kasbah, au pied d’un magnifique massif montagneux, dans un village quelque part au centre du Maroc et nous apprêtions à visiter les gorges de Dabès. Je sortais de la chambre avec les enfants pour aller prendre notre petit déjeuner. Mon épouse se préparait encore et allait nous rejoindre un peu plus tard. Il faisait chaud. Le soleil frappait déjà fort, mais nous étions protégés du soleil par des stores tissés qui recouvraient sommairement la terrasse. J’ai salué les quelques autres touristes installés à droite et à gauche, puis j’ai posé les affaires sur une des chaises d’une table encore libre. Les enfants ont commencé à jouer avec ce qu’ils trouvaient sous la main : d’abord les verres, puis les chaises, ensuite, l’air de rien, ils ont continué en grimpant sur la balustrade et en arrachant les feuilles des arbres qui se trouvaient derrière. J’ai réprimandé une première fois, gentiment. L’un excitant l’autre, ils persévérèrent dans les bêtises, jusqu’au moment où le plus petit faillit sérieusement tomber. Je l’empoignais violemment par le bras et pestais d’une voix agressive. Il se mit tout de suite à pleurer, et cherchait à retrouver la maman qui justement, était en train d’arriver.
– Pourquoi tu lui fais peur !? – Il était en train de faire une bêtise et allait tomber… – Mais tu n’es pas obligé de le terroriser !? – Mais je ne le terrorise pas ! Je l’ai prévenu et il allait vraiment se faire mal ! Et comme il n’écoute pas, j’ai crié. – C’est pas crier que tu as fait, c’est hurler. C’est un enfant de deux ans, je te signale !
Et c’est toujours le même scénario : je suis le méchant papa qui torture ses enfants, et elle, celle qui les surprotège.
– C’est pas normal comment tu te comportes avec lui ! lança t-elle.
Avec cette simple phrase, elle me projeta chez des amis, dont le père n’arrêtait pas de hurler contre son fils, au point où, nous-même en avions peur. Suis-je comme ça, moi aussi ?!  Je le crains, oui. Je remarque bien que je ne suis pas pareil avec nos deux enfants. Avec lui, c’est viscéral et c’est plus fort que moi : je suis dur. Nous terminons le repas dans une ambiance tendue. Je suis vexée, elle l’est aussi et nous ne parlons plus.
– Bon, je prends encore le reste des affaires et j’arrive.
Je me dirige vers la chambre quand une femme de l’hôtel m’aborde :
– Monsieur, ne m’en voulez pas. Votre femme a raison. Vous êtes trop dur avec votre garçon. Allez voir Hassan. C’est un petit commerçant, juste là-bas. Il sait comment être bon. Allez le voir.
Elle me montrait du doigt une des ruelles. Je ne savais pas vraiment comment le prendre. Je la remerciais toutefois pour sa gentillesse et partis pour la chambre avec cet étrange conseil. Puis nous avons plié bagage et sommes partis visiter les sentiers des gorges de Dabès. Pour sûr, ses paroles m’avaient percutées. J’y cogitais toute la journée et décidais finalement d’aller le lendemain, à l’aube, rendre visite à cet homme.

Son précieux conseil

– Bonjour Monsieur. Êtes-vous Hassan ? – Oui M’sieur. Je suis là pour vous servir. – Une femme m’a parlé de vous à l’hôtel et… heu… elle m’a dit que j’étais trop dur avec mon fils et que… vous pourriez sans doute… m’aider.
Je me trouvais totalement ridicule à demander à ce personnage conseil pour ma manière d’éduquer mon fiston, mais il ne trouva pas absurde ma requête. Bien au contraire. Avec un large sourit, il m’invita à m’asseoir près de lui et à partager son thé. L’ambiance devint profonde et solennelle.  
–  Voyez-vous, j’ai été élevé par un père très dur. Chez-nous ici, l’éducation est aussi rude que le climat. J’ai travaillé toute ma vie, depuis aussi loin que je me souvienne. Nous étions nombreux et mon père devait nourrir tout le monde. Nous n’avions pas le temps de discuter avec lui. Il travaillait tout le temps et il était très sévère… Je crois qu’il n’avait pas le choix. –  Et ? –  J’ai beaucoup souffert. Je ne supportais pas l’agressivité dans sa bouche, ni ses colères… Quand moi-même je suis devenu père, je ne voulais pas être à l’image de celui qui m’avait permis d’exister. Mais malgré tous mes efforts, mes propres enfants me craignaient comme j’avais eu peur de mon père. Et plus j’essayais de ne pas être comme lui, plus je lui ressemblais. – Eh ben !? – Cela m’a beaucoup blessé. Je persécutais mes enfants alors que je voulais tout le contraire. – Mais… qu’avez-vous fait alors ? – Eh bien, j’ai pleuré. Parce qu’un jour, j’ai vu en mon enfant, le petit que j’ai été et qui a beaucoup souffert. Pour moi, ma famille était dure, et je devais me protéger. Je crois que si j’avais eu la force, j’aurai répondu, mais je n’étais qu’un petit, vous voyez ? – Comment avez-vous changé cela ? – J’ai compris que la violence qui m’habitait aurait été utile à ce petit enfant que j’étais, et mon fils me le rappelait. Mais mon esprit considérait mon propre fils comme faisant partie de cette famille dure dans laquelle j’avais grandi. – Je ne comprends pas ! – Eh bien, quand je voyais mon fils, mon esprit voyait l’enfant que j’étais. Je redevenais alors ce petit enfant que j’étais, et je cherchais à me protéger de ce qui m’agressait. Il y avait danger. Alors je tapais dans tous les sens. Et mon fils recevait les coups. Vous comprenez ? – Une illusion, c’est ça ? Vous réagissiez à votre passé. – Oui, mais je ne le voyais pas. – Mais ça a suffit ? – Non, ce que j’ai vu m’a terrorisé. Mon esprit me faisait jouer le père, et mon fils était devenu le petit que j’ai été. Quand je me suis vu en lui, j’ai décidé de changer, de le considérer comme celui que j’ai été et de le protéger et de lui donner ce que j’aurai aimé avoir. – Et alors ? – Ça a changé en effet. La violence avait disparu. Je savais maintenant l’aimer et être là pour lui, parce que quelque par, c’était moi-même que j’aidais, le petit que j’étais. – C’est astucieux ! – Pas tant que cela ! – Comment ça ? – Je me suis alors rendu compte que quoi que je fasse avec lui, je le faisais en rapport avec mon histoire. Si mon esprit voyait le passé, il y avait une grande colère. Et si je me forçais à me voir en lui, cela se calmait et je me mettais à le protéger. – C’était mieux, non ? – Oui, mais ce n’était pas juste parce qu’au final, ce qui se passait, c’est que je ne le voyais pas lui. Je me suis dit que je ne l’aimais pas véritablement pour ce qu’il était vraiment. J’ai alors décidé d’abandonner l’un et l’autre : la violence et le besoin de le protéger, parce que tous les deux étaient des réactions au passé. J’ai cherché à le découvrir, lui, tel qu’il était, sans les blessures de mon passé, vous comprenez ? – Je crois, oui. – Laissez votre passé ici M’sieur. Ne l’emportez pas. Et apprenez à découvrir qui est véritablement votre fils. Il n’est ni le frère que vous avez eux, ni le père qui vous a blessé, ni même l’enfant que vous avez été. Il est Lui et vous devez chercher à le voir tel qu’il est, au-delà des illusions de votre esprit.
Tout cela semblait irréel, mais j’aimais particulièrement cette atmosphère chaleureuse entre deux personnes de culture totalement différente. On avait l’impression d’être dans un autre temps, juste entre ami. Quand j’y repense, je me rends compte que tout cela avait dû l’obséder et le bouleverser… et il s’en amusait. Il riait de notre nature trompeuse. « Notre esprit nous joue des tours mon ami » avait-il dit, me semble t-il. Je le savais, mais il venait de me donner une clé que j’avais hâte de tester.

Hassan

Son secret valait plus que tous les diamants du Monde

Mon épouse avait pris la douche avec les enfants. Ces deux là adorent l’eau. Ils passent des heures à jouer à avec. J’avertis de ma présence et suis entré dans la salle de bain. Ça riait de bon train. J’ai passé le reste de la journée à considérer mon fils comme l’enfant que j’avais été et, en effet, mon comportement changea, sans aucun effort. Je me rendais compte que j’avais été blessé petit et que je me défendais dès que quelque chose me rappelait mon enfance. Et mon fils me le rappelait en ligne directe. Mon agressivité était une solution pour repousser toutes ces choses qui me blessaient. Mon esprit tirait dans tous les sens sans se soucier de qui il touchait vraiment. Mon fils faisait partie des victimes, et toute ma petite famille aussi d’ailleurs. J’ai fait attention à mon fils comme jamais auparavant. Mon épouse le remarqua. Et puis comme Hassan me l’avait prédit, je trouvais la situation tout aussi absurde que l’autre : revivre mes blessures de dedans ou de dehors était simplement une erreur. Je découvrais qu’en définitive, cela m’empêchait de voir mon fils tel qu’il était vraiment. Comme Hassan, j’abandonnais toutes ces projections qui m’occultaient les relations. Je décidais de ne plus faire de projections involontaires. Devant chaque personne, chaque objet, je me demandais avant de l’approcher, qui il était réellement, si je ne mettais pas de filtres déformants. J’étais curieux de découvrir l’autre au-delà de mes croyances et des transferts dont mon esprit était capable de faire.

Qui était-il vraiment ?

La question était essentielle. Elle permettait de voir les choses avec émerveillement, et de retrouver subtilement ses yeux d’enfant. Les événements cessèrent progressivement de me lasser. Ce n’était plus mon histoire qui se rejouait en trame de fond. Et c’était agréable. Je m’ouvrais enfin au monde extérieur, cessant de me battre contre les fantômes du passé.
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