Nos anciens avaient un secret

Vingt-six ans. J’avais vingt-six ans et je sortais d’une rupture terrible qui mit à mort toutes mes convictions sur l’amour et le couple. J’avais aimé. J’avais tout donné, je m’étais investi pleinement dans cette relation – comme chacune d’elle avant – et pourtant, le couple avait lentement sombré. Aussi parfait semblait-il et malgré des débuts prometteurs, le couple ne résista pas au temps. Un an. Juste une petite année, alors que j’avais espéré qu’il dure toute une vie. Mais que s’était-il passé !? Etait-ce la faute de notre époque ? S’agissait-il d’un phénomène de mode où chacun préfère son propre confort au couple ? Les gens refusaient-ils de s’engager, préférant les avantages d’une vie sans encombrement et sans responsabilité ? Mais où étaient donc ces couples capables de s’aimer toute une vie et dont l’amour se renforçait aux grès des épreuves ? J’étais déçu et je doutais profondément de moi, m’interrogeant si un jour, j’allais être capable de fonder un couple suffisamment solide pour créer une petite famille. J’étais perdu, désespéré et profondément triste. J’avais besoin de m’isoler, de me reposer, de fuir mon passé et de panser mes plaies. Je décidais tout naturellement de voyager, histoire de changer d’horizon et de penser à autre chose. Peut-être allais-je découvrir pourquoi je n’arrivais pas à former un couple solide. Je voulais trouver ces gens merveilleux à qui la vie souriait. Je voulais savoir s’ils avaient un truc que je ne connaissais pas. Qui donc aurait-il pu me fournir tous ces joyaux de la vie si ce n’est celui qui les avait déjà vécus ? Le hasard voulu qu’à cette période, j’étudiais l’ostéopathie et que pour financer ces études, j’usais de mon diplôme d’infirmier qui m’avait permis d’entrer dans cette école (il fallait à l’époque un diplôme d’Etat de médecin, de kiné, de sage-femme ou d’infirmier pour y accéder). Je travaillais ainsi pendant quelques temps dans un bloc opératoire où je passais les instruments et tenais les viscères auprès des chirurgiens (ce fût une expérience inestimable dans mon apprentissage de l’anatomie du vivant). A côté de ce travail fixe, j’avais quelques missions dans une boîte intérimaire : je remplaçais des postes de nuit dans divers hôpitaux de la région. Quand le travail était tranquille –ça arrivait, surtout en été ou pendant les fêtes – j’étudiais mes cours entre deux sonnettes ou deux tournées. Il m’arrivait aussi de discuter avec les pensionnaires. Certains en avaient besoin. Je remarquais que la nuit déliait les langues et que les gens s’ouvraient à qui savaient se prendre le temps de les écouter. Étrangement, toutes ces histoires allaient faire partie de mes propres expériences. Il y eu une dame très appréciée à l’étage. Elle était la grand-mère que tout le monde aurait voulu avoir. Soignée, douce, elle étaient autonome et se débrouillait pour le rester. Sa présence était rassurante, ses gestes aimants, son regard profond. Son empathie me surprit dès notre première rencontre : elle voulait savoir qui j’étais, non pas mon métier, mais humainement : qu’aimais-je vraiment dans la vie, qu’est-ce qui me rendait plaisir, etc. Personne jusqu’ici ne s’était intéressé à moi avec autant de chaleur et d’intérêt sincère. Mais son approche n’était pas inquisitrice. Elle semblait dénuée de jugement, ce qui ne manqua pas de piquer ma curiosité. Je ne sais pas comment elle le devina, mais mon chagrin d’amour ne fut pas un secret pour elle.   -       Vous vous posez des questions sur la fidélité, n’est-ce pas ?   -       Oui Madame. Comment le savez-vous ?   -       J’ai vécu aussi, vous savez ? Et ma vie fut extrêmement riche. Malgré toutes les épreuves que la vie nous avait données, je n’étais jamais seule. J’avais un mari qui m’avait aimé follement jusqu’à sa mort et je l’aimais plus que tout.   -       Mais comment faire pour aimer toute une vie ?   -       Il y a un secret, voyez-vous ? Moi non plus je ne le savais pas. Je le tiens d’une vieille dame lorsque j’étais encore jeune. Ce secret, j’en suis sûre, est ce qui m’a rendue si heureuse en couple. Aujourd’hui, je vais vous le partager. Il me semble que vous en ayez besoin, non ?   -       Oh que oui Madame.   -       Eh bien, ne vous couchez jamais sans avoir pardonné à l’autre. Ne vous endormez jamais sur de la rancœur. Arrivé à l’orée du sommeil, ne lui en voulez pas. Voilà le secret. C’était d’une simplicité déconcertante ! « Ne vous couchez jamais sans avoir pardonné ». Cette phrase résonnait en moi. Je savais quelque part que c’était juste, profondément vrai. Jamais je n’allais l’oublier. Elle allait guider ma vie. C’était là le secret que j’avais tant cherché. Durant toute cette période où je travaillais dans cette maison de convalescence et où je côtoyais cette grand-mère, je ne cessais de faire des rêves bouleversants. Je recevais la nuit des enseignements sur l’amour véritable et ce que je devais réellement chercher. L’âme de cette grand-mère semblait avoir pénétré mon cœur et opérait de grands changements qui allaient bouleverser ma vie. Quinze ans plus tard, je découvre à quelle point elle avait raison. Invariablement, tous ceux qui en ont entendu parlé et qui le pratiquent, ont un couple solide. Ce secret si simple est donc une pierre angulaire de la relation à l’autre. Il demande un tout petit effort personnel : savoir mettre un peu son égo de coté et retrouver celle ou celui qu’on a aimé dès le premier jour.
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